Cet article est une explication des modes de fonctionnement des catalogues de podcasts ainsi qu’une réflexion sur les inquiétudes exprimées de certains podcasteurs et notre rapport aux statistiques.
Connaître son auditoire, savoir si on a du succès, si on fait fausse route ou non, c’est non seulement compréhensible, mais c’est même louable.
Je suis aussi de ceux qui trépignent de frustration, trouvant que la communauté des auditeurs de podcasts sont trop peu réactifs dans les commentaires, hésitent à nous parler. Même si nous avons une communauté qui est loin d’être inactive, il y a toujours cette majorité silencieuse.
Alors vous serez tentés de vous appuyer sur les statistiques de consultations de votre site, votre flux RSS et les téléchargements de vos médias pour avoir un aperçu de la portée de votre production.
Mais cela amène des dérives, à un protectorat de nos flux RSS.
« Maudit sera celui qui copiera mon flux et me privera de mes sacro-saintes statistiques »
Sauf que votre flux, il est déjà dupliqué et il le sera encore plus dans les mois et années à venir.
Lorsque quelqu’un consulte votre fiche d’un catalogue (iTunes, Deezer, Spotify, podCloud, ou d’autres intégrés à des apps par exemple), il consulte une page qui a copié les informations de votre flux RSS et les a mises en cache.
S’il s’abonne via iTunes ou l’app Podcasts sur iOS, ce sera désormais son lecteur local qui ira « taper » régulièrement sur votre flux original pour vérifier la présence ou non d’un nouvel épisode.
Mais pas sur les autres ( et pas sur certaines apps de smartphones qui utilisent parfois la même mise en cache que celle du catalogue).
Mais est-ce important ?
Que voulez-vous mesurer en réalité ? Parce que c’est là que se pose la véritable problématique. Et j’ai l’impression que nous utilisons les outils de statistiques sans grande remise en question de leur pertinence.
Mon avis personnel est que, non, la valeur des statistiques n’a pas de sens propre en soi. Les outils varient tellement que deux d’entre eux ne vous donneront jamais la même valeur.
Vous n’avez donc probablement pas le nombre d’auditeurs indiqué sur votre outil de mesure d’audience.
Pourquoi ? Parce que présenter des statistiques à un public/utilisateur requiert de les traiter, d’ignorer des doublons pour lui donner un sens et que de ces choix vont émerger des chiffres qui varient largement. En voici un bon exemple.
Même le nombre d’abonnés sur YouTube n’a pas franchement de valeur précise. D’expérience personnelle, j’ai une petite centaine de chaînes auxquelles je me suis abonné et je n’ai humainement pas le temps de regarder tout et pour certaines d’entre elles je n’ai pas regardé une seule de leurs vidéos depuis plus d’un an…
Mesurer les visites d’un flux RSS, au final… ça mesure quoi ?
Si on y réfléchit, on peut faire une liste des visites probables de votre flux RSS :
- rafraîchissement auto des podcatchers de vos auditeurs
- visites de bots des catalogues de podcast
- visites de bots de moteurs de recherche
On peut voir que cela ne représente pas tout à fait l’intérêt porté à votre podcast…
Car au final c’est ça qui importe véritablement : votre podcast est-il intéressant, attire-t-il des auditeurs, conserve-t-il ses auditeurs ?
La véritable audience est celle qui écoute
« Sans déconner ! » s’écrieront certains d’un ton sarcastique.
Sauf que justement, votre audience ne dépend pas des consultations de votre flux. Pour écouter votre émission, un auditeur doit la télécharger.
Si vous deviez n’avoir qu’une valeur dans vos statistiques, au final c’est celle-là.
Mais c’est la tendance qui est importante :
Vos téléchargements sont stables ou augmentent ? Pas de problème.
Ils baissent ? Peut-être est-il temps de revoir le concept (ou alors c’est que c’est l’été… ça baisse toujours l’été).
Il y a, certes, dans le lot, des téléchargements automatiques d’émissions qui ne seront jamais écoutées mais, à l’inverse de YouTube, vos émissions prennent de la place sur les appareils de vos auditeurs.
S’ils ne vous écoutent plus, ils se désabonneront… si le lecteur ne met pas en pause le téléchargement automatique, comme iTunes le fait après quelques épisodes non lus. Dans tous les cas, un auditeur perdu est un auditeur qui ne télécharge plus.
Bref.
Tout ça pour vous dire que cette fixation sur le flux RSS et ce qu’il advient de lui me parait de plus en plus désuet.
L’avenir du podcast est clairement via des services et non via les lecteurs de flux RSS rudimentaires de l’époque.
Je pense même que les catalogues qui mettent en cache votre flux vous rendent service en allégeant de votre moteur de blog ou votre hébergeur de la charge des consultations stériles et donc inutiles de non-auditeurs.
Enfin… du moment qu’ils ne dénaturent pas votre transmission, vous laissant la visibilité du nombre de téléchargements effectués. En ne ré-uploadant pas vos épisodes et/ou en ne les mettant pas eux-même dans un Content Delivery Network quelconque.
Parce que là, sans cette information, la seule véritablement remplie de sens, vous naviguerez vraiment 100% à l’aveugle.
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